Les titres de presse ayant résisté à l’occupant durant la seconde guerre mondiale sont invités gratuitement dans la caravane du Tour depuis 1947. C’est pourquoi la Vie Ouvrière (VO) – devenue depuis la Nouvelle Vie Ouvrière (NVO), publication de la CGT, est présente sur le Tour.
Pour la VO, la plus-value originale de sa présence militante était de porter les couleurs de la CGT auprès d’un public populaire, chaleureux et familial, constitué pour l’essentiel d’ouvriers, d’employés et de retraités.
C’est donc la NVO qui porte aujourd’hui la visibilité de la CGT sur le Tour, permettant au syndicat de mettre en avant ses campagnes. De nombreuses unions départementales, union locales ou comités régionaux saisissent l’opportunité de sensibiliser le public, mais aussi les 4 500 travailleurs mobilisés par l’événement, à des problématiques sociales et économiques, locales ou nationales.
Pourquoi une caravane publicitaire ?
Quand Henri Desgrange impose en 1930 les équipes nationales au détriment des formations commerciales, il se prive d’une source de revenus importante. D’autant plus qu’il s’engage à subvenir aux besoins de tous les coureurs et à leur fournir un vélo. D’où l’idée de créer une caravane publicitaire ouverte aux marques contre compensation financière.
Actuellement, environ quarante marques sont représentées chaque année et constituent une caravane de presque 180 véhicules. Quinze millions d’objets sont distribués à chaque édition aux quelques douze millions de spectateurs massés le long du parcours, dont près de la moitié dit venir pour la caravane.
Origines du Tour de France cycliste
Le Tour de France a toujours été une affaire de presse et de journalistes. Tous les directeurs du Tour de France ont été où sont des journalistes. Si tout le monde sait que l’épreuve est créée en 1903 par le journal L’Auto, les motivations de son directeur, Henri Desgrange, sont sans doute moins connues.
Desgrange, dont le titre est en concurrence avec un autre magazine sportif, Vélo, n’arrive pas à faire décoller les ventes de son journal. Il missionne Géo Lefèvre, un de ses meilleurs journalistes, pour trouver l’idée géniale qui assoirait définitivement la notoriété du journal.
À l’époque, le cyclisme est déjà très populaire, mais les compétitions n’en sont qu’à leurs balbutiements. Malgré des effectifs extrêmement réduits, elles semblent pourtant promises à un grand avenir. La plupart sont organisées par le titre concurrent, Vélo. C’est donc de ce côté-là que Lefèvre concentre ses efforts : « Et si on leur faisait faire le tour de la France ? » lance-t-il à Desgrange.
Desgrange le prend pour un fou. Mais devant une courbe des ventes en baisse constante, il n’hésite pas longtemps. Le coup de folie de Géo Lefèvre se transforme en coup de génie. Le Tour de France cycliste est né. Paradoxe : il est organisé par un magazine spécialisé dans l’automobile.
Mais la popularité du Tour de France ne se manifeste pas d’emblée. Pas plus que l’embellie escomptée sur des ventes qu’il va bien falloir doper. Pour cela, il faut du spectaculaire : le Tour s’attaque à la montagne. Ce sera le Ballon d’Alsace, en 1910 les Pyrénées et, en 1911, les Alpes. En prenant de la hauteur, le Tour acquière ses lettres de noblesse, le public est conquis, l’événement sportif entre au patrimoine culturel de notre pays.