À la tête d’une délégation, bannières au vent et militants harnachés aux couleurs de la centrale syndicale, il est venu porter la bonne parole, distribuer des tracts, dont le contenu n’était pas forcément dans la tonalité de la préoccupation des milliers de personnes massées dans Limoux et ses environs, hier matin. Sans doute, les militants auraient-ils été plus visibles, si comme cela leur avait été proposé par la direction du Tour, de prendre le départ fictif du Tour juste avant les coureurs. « Il fallait qu’on soit au minimum 25 pour le faire mais nous n’étions que 15, confie Alain Rousseau. Je suis un peu déçu. » Un tour de vélo aurait-il été plus efficace qu’une manifestation devant la sous-préfecture, pour faire entendre les revendications habituelles : défense des emplois industriels, reconquête des services publics, meilleure répartition des richesses ? « Notre objectif, poursuit le patron audois, c’est de porter nos couleurs auprès d’un public populaire, chaleureux et familial ». Mission réussie, et renouvelée chaque année depuis la Libération. Le journal « l’Équipe » qui avait pris la direction du Tour, a alors invité les journaux (il n’y en avait pas des masses) qui avaient résisté à l’occupant pendant la guerre. Dont « Vie ouvrière », le journal de la CGT. Malgré une suspension de 4 ans pour cause de rentabilité, de 93 à 97, le Tour était alors dirigé par Killy, la CGT et le Tour de France poursuivent leur idylle sur les chemins escarpés des restrictions budgétaires et des obligations de résultats, loin comme on le sait des préoccupations sportives. Sans état d’âme. Avec peut-être au cœur, le souvenir lointain d’appartenir à la même famille. Comme les hommes avec les bonobos.
Lu dans la Dépêche du Midi
Limoux : la CGT dans le Tour, une histoire d’amour
Le syndicalisme et le Tour de France ont toujours fait bon ménage. « L’essentiel du public qui s’agglutine le long des routes est constitué d’employés, d’ouvriers, de salariés, de retraités », remarque Alain Rousseau, secrétaire de l’union départementale de la CGT de l’Aude.